Les quinze premiers jours : les mesures de base
Comme prévu j'arrive à Toulouse à 16h par une superbe journée ensoleillée. En rentrant je suis accueilli par l'équipe médicale qui m'amène jusqu'à ma chambre. Au dessus de nos lits, des pancartes avec nos prénoms et à l'opposé une petite armoire. Avant de pouvoir dire bonjour aux autres je suis soumis à un test anti-covid. Je rencontre quelques instants plus tard mon voisin de chambre pour ces 3 prochains mois. Il s'appelle Joffrey et il habite Marseille. Nous sommes les derniers ! On range nos affaires et il est l'heure de manger. On rencontre les 10 autres volontaires, il y a déjà une bonne ambiance.
Durant les quinze premiers jours nous allons être soumis à pleins de tests afin de pouvoir prendre les mesures de base. Au total, on sera suivi par 14 équipes scientifiques européennes répartis comme suit : 3 en neurologie, 3 en cardio-vasculaire, 4 en muscle et os, 3 en métabolisme et 1 en multi-systèmes.
Tout les matins c'est le même rituel; réveil vers 7h, on nous prend les constantes, on nous demande de pas nous lever et d'uriner allongé dans un pistolet puis c'est la pesée. Si nous avons des prélèvements sanguins on le fait directement autrement on prend notre notre petit-déjeuner.
Le premier et à plusieurs jours d'intervalles on fera une calorimétrie au petit matin à jeun afin de connaître exactement la dépense énergétique de notre organisme au repos.
Nos repas par la suite seront calibrés au gramme près. On devra manger obligatoirement tout ce qui se trouve sur notre plateau, bien saucer les plats et ramasser les miettes de pain si il y en a de trop. Nos bouteilles d'eau sont aussi pesées et nous sont données pour 24h. S'il reste de l'eau au petit matin, la bouteille est récupérée et re-pesée.
A chaque fois qu'on doit uriner nous devons le faire dans un pistolet et le rapporter aux infirmières qui le pèse, note le poids et l'heure, transvase dans un bidon puis c'est conservé au frigo. Ensuite elles doivent suivre un protocole très stricte pour chaque journée en remplissant 5 seringues avec par exemple l'urine du matin, celle du midi, de l'après-midi, du soir et des 4 mélangées. Attention pour les âmes sensibles mais on a aussi quelques prélèvement d'escrèments.
Durant les premiers jours on fera une Vo2max en vélo et en vélo couché. On nous donnera ensuite un programme de sport à suivre jusqu'à notre alitement.
On passera plusieurs IRM dont un du corps entier pendant 2h45 et un IRM cérébral pendant 2h. Durant ce dernier à la fin on avait des petits exercices. Pendant que l'IRM fonctionnait on devait 1-penser à rien, 2-fermer les yeux, 3- ouvrir les yeux, 4- fixer une croix 5- et pour finir on avait une petite animation ou on devait mémoriser des objets puis on avait le choix entre 3 images et avec une petite manette on devait dire laquelle était la bonne.
On réalisera aussi un scanner de la hanche, du poignée, du tibia et du genoux !
Sur une après-midi, on part à l'hôpital de Purpan pour réaliser un gros bilan ophtalmologique avec au programme champ visuel, acuité visuelle, oct, fond d'oeil, pression intraoculaire et optos.
Dans les locaux il y a une salle dexa pour faire les ostéodensitométrie. On en fera une complète du corps pour voir la composition gras/muscle, une de la hanche et du pied. Cela permet aussi par imagerie médicale de mesurer la densité de l'os, son contenu minéral.
On sera soumis également à des tests sur ordinateurs pour savoir comment on se repère dans l'espace avec 5 exercices. On passera ces tests régulièrement tout au long de notre période ici. On fera aussi une séance de réalité virtuel, c'était trop bien !
On fera une sonographie et une échographie du coeur et de la cuisse avec un medecin à la retraite de 76 ans qui venait de Tours. Très gentil, il a fait tout les bedrest depuis le premier en 1983 et il nous raconta quelques anecdotes, on rigola bien ! Il nous expliqua aussi que cette machine qu'il était en train d'utiliser, il y avait la même sur la l'ISS et qu'il souhaitait l'améliorer.
Une équipe allemande nous fit une une microdialyse du muscle du mollet. Cela nécessite l’introduction entre la peau et le muscle d’une sonde contenant une membrane semi-perméable à l’eau et aux petites molécules, permettant l’échange dans les deux directions par simple diffusion et le recueil d’un liquide reflétant le milieu extracellulaire.
Vers le 9e jour on fit l'examen le plus redouté, celui dont on nous parle depuis notre 1ier entretien téléphonique; la biopsie ! Il y en aura une du gras du ventre et une du muscle de la cuisse. On nous anesthésie le ventre, on nous le pince et avec une seringue on nous aspire le gras. On ressent absolument rien. Pour la cuisse c'est une toute autre histoire. On nous anesthésie la zone, on nous prélève un bout de peau puis avec une canule qu'on enfonce dans le muscle on va découper des petits morceaux de muscle et avec une seringue les aspirer pour les faire monter. Il faut minimum 350mg et si il y a pas assez, le medecin y retourne une 2nd fois. Si ça touche pas un nerf ou un truc du genre on sent pas grand chose. Dès le lendemain on peut reprendre le sport. On doit en faire 4 de chaque !
Ci-dessous un EEG avec des capteurs musculaires sur les jambes. Pour étudier l'activité électrique du cerveau avec les muscles des jambes lors d'un exercice sur vélo.
Ces deux premières semaines sont chargées et rythmées par les différents examens et exercices avec les équipes scientifiques. J'ai exposé les principaux car ça serait trop long de tout détailler.
Comme je vous avez expliqué dans mon premier article, cette étude est menée pour tester la gravité artificiel et l'exercice sur vélo en position allongé comme méthode de prévention. Pour ce faire nous serons séparé en 3 groupes de 4. Le premier groupe sera le groupe contrôle c'est à dire qu'il fera pas d'activité physique, le second groupe fera du vélo allongé et le troisième groupe fera du vélo allongé pendant que la centrifugeuse tourne.
Demain matin je m'allonge pour deux mois et je vais savoir dans quel groupe je suis ...
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